Je demande une approche intersectionnelle


Cet article est un prétexte, histoire de poser quelques bases avant la suite. J’ai commencé doucement, petit pas par petit pas mais c’est mon neuvième jour (happy neuvièmejouriversaiiiiiire) et je vous ai suffisamment cajolé : il est temps d’entrer dans le vif du sujet.

L’intersectionnalité, c’est quoi ? En 1989, Kimberlé Crenshaw utilise ce concept pour décrire dans cet article devenu célèbre, la double oppression vécues par les femmes noires :

Voilà l’exemple type de la discrimination intersectionnelle : les femmes noires ne sont pas discriminées comme femmes, ni comme Noires. Elles sont discriminées comme femmes noires.

L’intersectionnalité, c’est donc plusieurs formes de discriminations superposées. Cela permet de penser autrement le militantisme et la réflexion féministe et politique, ainsi qu’à révéler certains angles morts.

Ce concept peut servir dans une multitude de cas et permet ainsi de considérer des cas très spécifiques : une personne lesbienne et non-blanche n’aura pas les même difficultés qu’une personne lesbienne et blanche : leurs vécus vont se recouper, mais ne seront jamais comparables.

C’est une grille de lecture du monde qui me semble nécessaire à adopter, pour éviter l’entre-soi. Pendant longtemps, le féminisme a été très blanc, très riche, très hétéro : c’est pour ça, qu’on a cru qu’on y était presque. Ce féminisme avait coché ses cases : une femme doit pouvoir travailler, porter des pantalons, avorter. C’était un militantisme qui a permis énormément de littérature et de débats et pour lequel oui, nous pouvons être reconnaissant.e mais ce n’était pas un féminisme pour tout le monde. D’ailleurs, la tribune pour une liberté d’importuner de Catherine Deneuve était un héritage de ce féminisme vieillot, bourgeois et tourné sur lui-même : évidemment qu’elle ne sait pas ce que c’est de se prendre une main au cul dans le métro, Catherine.

C’est aussi pour ça, qu’aujourd’hui, on parle d’inclusivité et de convergence des luttes. Mon féminisme (et j’espère aussi le vôtre), celui en lequel je crois, est aussi un combat pour les droits et la sécurité des personnes LGBTQI+, des personnes racisées ou encore des travailleur.euse.s du sexe. Pour moi, c’est aussi important de soutenir les grévistes de l’hôtel Ibis que le maintien des subsides pour une asso LGBTQI+.

Mais l’intersectionnalité et l’inclusivité, c’est aussi une chance de nourrir notre réflexion et ici j’aimerais citer Camille Froidevaux-Metterie dans cette belle interview par Rebecca Amsellem pour Les Glorieuses :

Nous avons eu besoin d’un certain nombre d’étapes, à la fois militantes et théoriques, notamment les études de genre et les études queer. Elles sont cruciales car, en pensant la déconstruction de la binarité sexuée et genrée, elles ont permis aux féministes hétéros et cis de questionner leur rapport à leur propre corps.

Si vous commencez à vous hérisser, ce n’est qu’un début. Demain, on va parler de Twitch !

C’est fatiguant, d’être féministe. De façon générale, je ne suis pas contre le débat, pourvu qu’il soit un minimum constructif. Mais cette question « Non mais ça va vous avez le droit de vote, qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? » me rends dingue.

Du 1er au 25 décembre, voici votre calendrier féministe. Chaque jour, une réponse plus ou moins cinglante, pour égayer vos repas de famille et vos apéros Zoom : et si grâce à moi, vous ne passez pas de meilleures fêtes de fin d’années, gardez bien en tête que ce qui ne fait pas partie de la solution, fait peut-être partie du problème.

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