Et si le féminin devenait la norme ?


C’est fou parce que ça fait déjà 19 jours qu’on papote, vous et moi : on pourrait penser que j’y suis presque. Et non ! Les sujets s’accumulent, je trie, j’ai commencé une liste pour d’autre occasions. Des inégalités et des injustices, j’en ai plein ma besace.

Vous savez que j’ai plus de chances (17%) de mourir dans un accident de voiture qu’un homme , et 47 % d’être sérieusement blessée, parce que ma façon de m’installer dans une voiture n’est pas considérée comme standard (mes petites jambes de femmes me faisant avancer plus près du tableau de bord) donc n’est jamais testée dans les crash-test. Il y a quand même des gens (des mecs, à coups sûr) qui se sont dit « ah oui c’est vrai, faisons des mannequins sur la taille moyenne des femmes » mais elle n’est testée que comme passagère.

Cela concerne également le domaine de la recherche médicale : les symptômes des maladies cardio-vasculaires ne prennent pas la même forme chez les hommes et les femmes, mais comme le masculin est neutre et les hommes représentent le standard, cela qui entraine de mauvaises prises en charge de la moitié de la population. Au calme.

Pendant longtemps, on a pensé qu’il n’y avait pas de femmes autistes, car les manifestations sont très différentes de celles des hommes. Certaines femmes autistes n’ont donc pas été diagnostiquées avant parfois l’âge de 40, 50, 60 ans.

D’un point de vue intersectionnel, on constate également que quand l’homme blanc est la norme, on fait des conneries : les logiciels de reconnaissance faciale affichent un taux de réussite proche de 100 % lorsqu’il s’agit d’un homme blanc … et ces chiffres dégringolent quand il s’agit d’un homme noir, ou d’une femme. Évidemment, ce ne sont pas les logiciels qui sont racistes et sexistes (vous ne me voyez pas, mais mon regard est ici lourd de sous-entendus).

Spoiler alert : l’homme blanc n’est pas « l’être humain standard », de la même façon qu’il n’est pas neutre.

La neutralité, c’est la subjectivité du dominant

Alice Coffin

J’ai beaucoup aimé le livre de la journaliste spécialiste des médias Alice Coffin, le génie lesbien. Elle y raconte son parcours en tant que femme lesbienne, dans des rédactions qui ne supportaient pas qu’elle puisse couvrir l’actualité LGBTQI+, car « son point de vue n’était pas neutre ».

Et je vous laisse réfléchir (bah ouais, je vais pas faire TOUT le travail) sur cette citation issue du livre :

Evoquer la neutralité dans une rédaction, c’est d’abord affirmer que certains peuvent écrire sur tout quand d’autres ont des biais.

C’est fatiguant, d’être féministe. De façon générale, je ne suis pas contre le débat, pourvu qu’il soit un minimum constructif. Mais cette question « Non mais ça va vous avez le droit de vote, qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? me rends dingue.

Du 1er au 25 décembre, voici votre calendrier féministe. Chaque jour, une réponse plus ou moins cinglante, pour égayer vos repas de famille et vos apéros Zoom : et si grâce à moi, vous ne passez pas de meilleures fêtes de fin d’années, gardez bien en tête que ce qui ne fait pas partie de la solution, fait peut-être partie du problème.