Pack de survie en cas d’extinction des feux

En 2020 j’ai entendu qu’on pouvait « profiter du confinement pour apprendre de nouvelles compétences », « revenir aux choses simples » ou encore apprécier de ne plus mettre autant d’exigences pour un nouvel an ou un anniversaire pour profiter, encore une fois, d’humbles petits plaisirs. Je n’y crois pas trop. Je ne pense pas que revenir à des activités simples et solitaires puissent avoir des bénéfices sur notre santé mentale ou physique, lorsque tout cela se déroule dans le cadre d’une pandémie.

Je sais que j’ai l’air sarcastique, pourtant je parle de ce que je connais : en 2020, j’ai suivi des formations en ligne de communication digitale, j’ai appris à faire des baos et des gyozas et j’ai lu l’intégrale de l’oeuvre d’Oscar Wilde (ça m’a bien occupée, remarquez). J’ai aussi regardé beaucoup de séries, chaque jour l’heure de l’apéro s’est légèrement avancée (mais c’est peut-être juste l’horloge du micro-ondes qui déconne?) j’ai beaucoup entendu que j’étais non-essentielle (et c’est vrai que je m’en doutais un peu mais à force j’ai trouvé ça lourd) et en toute honnêteté il est possible que j’ai pris entre cinq et sept kilos.

Des nouvelles souches du Covid, le hashtag #metooinceste, des émeutes au Capitole, la dépression des étudiants, un vaccin qui défraie la chronique et on y était. Ce n’était pas un déclic, ou alors celui d’une arme que l’on charge pour la déposer délicatement contre sa tempe. En 2021 j’ai eu l’impression de me réveiller dans un marécage et de voir la vraie vie, là haut, floue et verdâtre, pendant que je m’enfonçais doucement dans la vase.

La liste des choses dont j’ai envie n’a pourtant jamais été aussi simple : j’ai envie de câliner les bébés de mes copines qui ont vu le jour en 2020 et à qui je n’ai pas encore pu partager mon amour pour Babar, lire un livre bien au chaud dans un café et écouter les gens parler, peut-être aller à la piscine. Je suis nostalgique du joyeux bazar dans lequel j’avais l’habitude d’aller travailler, de faire des farces et de manger des pâtisseries.

Mais je n’ai pas pu faire cette liste jusqu’au bout car ça créait une sorte de vortex de chagrin qui engloutissait tout ce qui passait et dans un souci de toujours me diriger vers la lumière, je me suis attelée à une autre liste, la liste de la survie.

La simple pensée de faire quelque chose vous déprime, car non, vous n’avez pas envie de trier vos vêtements d’été ou de suivre une masterclass sur les vins de soleil ? Continuez à scroller sur votre téléphone mais marrez vous :

– Le compte Instagram d’Elodie Shanta m’est indispensable, je le relis très souvent

– Celui de Patriarchie Magazine est une pépite dont vous avez besoin, je vous jure

Vos voisins font du bruit  et l’heure du couvre-feu est passée ?

Mettez vos écouteurs, respirez un grand coup et écoutez :

– A bientôt de te revoir avec Marina Rollman et Waxxx (pas en même temps mais c’est la bonne nouvelle, ça vous en fait plus que prévu)

Remède à la mélancolie porte bien son nom : vous pouvez choisir des invités au top du top comme Pomme ou Boulet, mais aussi tout simplement écouter pour Eva Bester qui est formidable.

Vous en avez marre de lire partout que les autres prennent des bains pour se détendre, et vous n’avez pas de baignoire ? Pire, vous rêvez d’un spa depuis que vous avez vu toutes les stars (bon, OK, juste Wejdene mais quand même) s’amuser à Dubaï où le COVID n’existe pas ?

Une longue douche, c’est bien aussi. Une longue douche, avec une petite éponge sur laquelle vous avez mis quelques gouttes d’huiles essentielles (menthe poivrée pour les migraines, citronnelle pour se détendre), c’est encore mieux. C’est comme un spa, mais chez vous. Et on trouve plein de playlists de bols tibétains sur Youtube, mais voici ma chaîne préférée, si vous voulez.

Ne culpabilisez pas : la banquise ne va pas fondre une minute plus vite à cause de votre longue douche. Elle va le faire à cause du capitalisme et à cause de la folie des êtres humains qui prennent des décisions à l’échelle mondiale. Vous n’avez rien à voir là-dedans.

Toujours rien ? Même pas un soufflement de nez ou les coins de la bouche qui péniblement esquissent un demi sourire ?

Vous l’aurez voulu, je passe aux choses sérieuses. Voici ma recette de brownie !

Ingrédients (pour 6 personnes ou deux Clarisses en PMS) :

200 grammes de chocolat noir

150 grammes de noix de pécan en petits morceaux

150 grammes de sucre ou mi-sucre mi-cassonnade ou un peu moins de cassonade genre 100 grammes

125 grammes de beurre

70 grammes de farine (ne me jugez pas, vous serez content.e.s vous verrez)

3 œufs

La recette est très simple : mélangez tous les ingrédients sauf les noix de pécan, qui attendront un peu. N’hésitez-pas à racler le saladier dans lequel le chocolat a fondu à la petite cuillère, ça fait partie de la choco-thérapie.

Faîtes ensuite caraméliser les noix de pécan : on chauffe bien une poêle, puis on grille les noix de pécan et quand c’est bien grillé, on ajoute du sucre (ou de la cassonnade). Quand ça colle bien à la poêle (désolée, même si vous avez un lave vaisselle, il va falloir la faire tremper cette nuit) c’est prêt !

Incorporez avec amour (c’est important, le chocolat sait tout), et mettez au four (150 degrés, tout doux, tout doux) pendant 25 minutes. Engloutissez, bien chaud, devant une bonne série. Ne partagez pas avec vos voisins qui font du bruit, ils ne vous méritent pas.

Et surtout, prenez bien soin de vous.

Coeur avec les doigts.